Marie-Noëlle au Mexique

A San Felipe, les jours et les nuits sont remplis d'aboiements, de braiements, de bêlements: vous l'avez compris, c'est la campagne.

La bénédiction des animaux a donc une toute autre allure que celle des animaux urbains...
Ici, on pare les paires de boeufs qui se présentent en couple, avec leur joug.











Sans eux, pas de labour, pas de semailles, pas de récoltes, pas de nourriture. Car les labours ne se font pas avec le tracteur - ils se font à l'ancienne à force d'homme et d'animal.

Quelques chèvres, brebis et chiens sont aussi de la fête.



Peu d'ânes, qui pourtant le mériteraient bien : ce sont eux qui portent le bois que l'on va couper dans la montagne, qui ramènent le maïs moissonné dans des champs aménagés dans des pentes à pic dans la montagne. Quelques coqs, une nichée de chiots, deux paons, le grain à semer, une poupée.......







Le curé ne fera pas la fine bouche, autant bénir tout ce qui se présente, par les temps qui courent.



Après la cérémonie, on va tout de suite labourer pour 'intégrer' la bénédiction : que le champ soit fertilisé, les boeufs en bonne santé et que toute la communauté puisse dormir la panse pleine.




Ici on pratique encore une méthode d'agriculture héritée des anciens Aztèques: la milpa. Il s'agit de solidarité agraire : dans le même sillon on va semer des graines de courges, de haricots et de maïs. Les haricots iront s'enrouler autour des tiges du maïs et les courges s'étendront à l'horizontale pour maintenir l'humidité du sol. Non seulement les 3 plantes sont solidaires entre elles, mais elles enrichissent le sol et le maintiennent dans un équilibre idéal : pas besoin du moindre engrais ou pesticide chimique !

Un couple de Canadiens - Patrick et Brenda Armstrong - a créé le 'milpa project' qu'ils documentent en photos depuis la sculpture du joug jusqu'à la cuisson des tortillas. Voici leur site: http://www.themilpaproject.com.

Si vous avez des idées pour faire tourner leur exposition, n'hésitez pas à les contacter (patrick@moresbyconsulting.com). Les photos sont superbes et en cette époque d'OGM et de manipulation des semences par les multinationales de l'agro-chimie avec pour conséquence la famine de peuples entiers, tous les moyens d'informer, de divulguer et d'inspirer sont à soutenir.

Avec le produit fini, la maman de Mario, le laboureur, fait d'excellentes tortillas dont le goût est vraiment différent : c'est probablement dû au fait que le maïs a été sélectionné chaque année et, depuis des générations, ce sont toujours les meilleurs grains qui sont mis de côté pour les prochaines semailles. Après avoir mis à tremper les grains de maïs quelques heures, elle les réduit en farine grossière avec son 'metate' (pilon en pierre), puis va au moulin pour la faire moudre. Pendant 4 heures, elle va faire des tortillas au feu de bois, qu'elle ira vendre ensuite en ville. Elle fait cela CHAQUE jour.... et avec le sourire.