Marie-Noëlle au Mexique

Marie-Noëlle au Mexique

Guatemala - Tikal - 5-8 juillet 2008

Une petite heure de route pour relier Flores à Tikal : un peu trop pour faire l'aller-retour chaque jour. Sur place, 3 hôtels dont deux avec piscine, évidemment plus coûteux que notre Doña Goya de Flores. J'avais naïvement pensé pouvoir alterner visite au site maya, balades dans la réserve naturelle et dolce far-niente au bord de la piscine. En ce qui concerne la dernière 'activité', il n'en fut rien, car en saison de pluies, les moustiques, grands taons et petits taons sont totalement féroces et voraces, autrement  bien plus que les mygales, scorpions, jaguars et serpents du coin, tous confondus. Nous nous sommes fait littéralement dé-vo-rer. Apparemment la meilleure saison pour se rendre dans la région est en mars-avril, mais attention à la semaine sainte, jours de grande affluence.


Les trois hôtels en question sont très américains, des prix en dollars à la nourriture. Le 'moins pire' est le Tikal Inn, où nous avons pu négocier une chambre dans les 'cabanes' tout au bout de la propriété, donc plus près de la jungle, ce qui nous enchantait, ceci à 52dollars la nuit pour deux, au lieu des 102 demandés au départ.
Se réveiller avec les cris, chants et gazouillis des oiseaux de la jungle était tout simplement divin, au premier sens du terme, sans parler des aboiements impressionnants des singes hurleurs.



A part quelques exceptions, nous avons été surprises en mal par l'attitude très désagréable des employés de Tikal, que ce soit à la rotonde d'information ou dans certains établissements. Il vaut donc mieux s'armer de patience et de tolérance si on veut jouir pleinement de ce site totalement exceptionnel, impressionnant et magique. Autre surprise : l'entrée dans le site pour les étrangers venait de passer d'un seul coup d'un seul de 50Quetzales à 150.... un peu raide, mais c'est pour la bonne cause. Il serait cependant sympathique de recevoir une carte du site avec quelques explications, pour le prix !


ici, tout est démesuré et l'humain devient fourmi

Pour ce qui est des exceptions, je tiens à en nommer 3 :
- le gardien du musée, ce dernier par ailleurs fort intéressant avec beaucoup de stèles et des photos des débuts de la 'découverte' de Tikal par les archéologues. Le musée était en réfection et les machines faisaient un bruit assourdissant ne donnant aucune envie de visiter. Le dit gardien demanda aux ouvriers de s'arrêter de travailler pour que nous puissions visiter en paix.
- Felicito, gardien du parc depuis 20 ans, absolument craquant. Pour arrondir ses fins de mois, il fait le guide ses jours de congé. Il connaît à merveille flore, faune et ruines. Il suffit de le demander à l'entrée et de convenir d'un rendez-vous avec lui pour une visite privée.
- Neftali Trujillo, guide érudit, sympathique et débrouillard, tél. 77833931/2. Il habite à Uaxactun, village perdu dans la jungle.



Le site archéologique de Tikal se trouve dans le Parc National du même nom : 575 km de forêt tropicale, qui à son tour fait partie de la Biosphère Maya créée en 1990: 21'602km2 (la moitié de la Suisse) de jungle protégée, du moins en théorie, et placée sous la houlette de l'UNESCO.


pisote cherchant des vers pour son repas

Pour assister au lever du soleil depuis la plus haute pyramide de Tikal, nous avons pris un tour organisé : seul moyen pour pouvoir pénétrer dans le site avant son ouverture officielle à 6 heures. Diane à 4h15, rendez-vous à 4h45, marche d'une bonne demi-heure dans l'obscurité à travers la jungle, enveloppées par les hurlements des singes invisibles dans la nuit. Imperceptiblement, les toutes premières lueurs cherchent à percer le feuillage de la jungle épaisse.  Quelque chose me pousse à lever le nez. Je m'arrête net. Devant moi, dans une trouée entre les arbres, se dresse la colossale silhouette d'un temple : présence muette hors du temps, impressionnante, diffusant une mémoire millénaire presque tangible. Je me sens minuscule, infiniment reconnaissante de pouvoir vivre cet instant.



Le Temple IV culmine à 65m au-dessus de la jungle. Des escaliers en bois on été installés pour en faciliter l'ascension aux touristes. Ceci dit, je me suis souvent demandé comment les anciens Mayas escaladaient les hautes marches des pyramides vu leur petite taille. D'après les squelettes et les tombes, il semblerait en réalité qu'ils atteignaient facilement 1.80m de hauteur et davantage.
Il faisait un peu nuageux, les brumes se sont levées mais le soleil ne s'est pas vraiment montré. Peu importe : la lente percée de l'aube révélant petit à petit un océan de jungle se déroulant au ralenti à perte de vue reste à jamais gravée dans mon esprit.



Complètement 'sonnées' par la puissance du lieu, nous en avons fait le tour et visité différents temples et pyramides. J'ai grimpé partout où on pouvait et chaque fois le spectacle me coupait le souffle : au-dessus des étendues de jungle moite et humide se dressent les sommets des temples les plus hauts comme des gardiens de savoirs éternels s'apprêtant à dévoiler leurs secrets archaïques en 2012.


Dans la zone dite du 'Monde perdu' datant de 500 ans ou plus avant J.-Chr. avec son observatoire servant à fixer les dates importantes des différents calendriers, le temps semble s'être arrêté. Qu'un prêtre maya surgisse devant nous dans son plus bel apparat ne m'aurait nullement surprise.
Réservoirs, jeux de paume, bains de vapeur, rien ne manquait à Tikal, sans oublier son système de gestion des eaux très inventif et écologique bien avant l'heure. Les édifices étaient peints en rouge avec des décorations bleues, des masques monumentaux, des fresques, bas-reliefs et allées blanches. Combien de points d'interrogation, d'inconnues et de mystères !



La Grande Place est un autre lieu puissant : au Nord l'acropole avec sa série de stèles ressemblant à des dolmens, chacune ayant à ses pieds un autel circulaire à même le sol comme ceux que nous avons vus dans certaines églises, à l'Est le grand et imposant Temple du Jaguar érigé en l'honneur de Hasaw Chan K'awil, et à l'Ouest, un peu plus petit, celui de son épouse, Lady 12 Macaw. Au milieu de l'esplanade, un autel contemporain disponible pour des cérémonies sur demande auprès de l'administration. Et un bouquet d'arbres sous lesquels trouver un peu d'ombre...





Un peu fatiguées, nous avons décidé de nous octroyer une pause. Au sortir du site, je crois avoir perdu la raison car j'entends un son bien connu, qui me tire toujours les larmes des yeux. Je veux en avoir le coeur net. Je me laisse guider et m'approche de plus en plus.... jusqu'à me trouver devant trois solides gaillards jouant du cor des alpes ! Situation surréaliste s'il en est, je leur lance un joyeux 'Grüezi mitenand!' et les voilà aussi surpris que nous ! L'un d'eux habite le Guatemala et a invité ses deux copains complices. Ils vont jouer un peu plus tard dans le site - précisément dans la Grande Place.



Nous peinons à nous remettre de nos émotions, mais ne voulons pas rater le rendez-vous. La magie frappe encore : pendant qu'ils jouent, seuls quelques guides locaux et les deux Suissesses que nous sommes assistent au concert qui prend une dimension totalement mystique. Dès qu'ils comment à ranger leurs instruments une demi-heure plus tard, une horde de touristes américains fait son apparition.....

Pour clore la journée, nous décidons de remonter sur la pyramide IV, la plus haute, pour voir le soir tomber doucement. Une petite poignée de personnes ont eu la même idée, le silence règne, l'"entre chien et loup" devient "entre singe et jaguar". C'est douloureux de s'arracher de cette magie mystique. Felicito nous escorte à la sortie, arme en bandoulière, en me faisant visiter quelques lieux inédits comme l'arrière de la pyramide, barricadé aux touristes, et les anciens lieux d'accouchement, tout cela sous l'oeil bienveillant et romantique de la lune montante.



Arrivée de nuit et départ de nuit - deux nuits différentes - plusieurs vies se sont égrainées depuis ce matin.....






Suggestion : passez peut-être une nuit sur place pour aller voir le soleil se lever sur la jungle, mais essayez de trouver un hôtel plus sympathique ET moins cher à El Remate, au bord du lac et à quelques kilomètres du site de Tikal. Il doit y avoir des navettes entre le site et le village.









23/07/2008
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