Jean Robert - 23-24 mai 2007
23-24 mai 2007 - Hommage à Jean Robert : "Penser avec les pieds"
Avant de partir, Yvonne et Pierre Lehmann m'avaient recommandé de partir à la recherche de Jean Robert ancien ami/élève d'Ivan Illitch et de Gustavo Esteva. Mais qui était Ivan Illitch ? Visionnaire, avec une trajectoire hors du commun, il nous a légué une philosophie de l'éducation, de l'écologie et tout simplement de la vie que je vous invite à découvrir en lisant l'article que le Monde Diplo publia après sa mort : http://www.monde-diplomatique.fr/2003/01/PAQUOT/9866, ou celui, plus court, du Nouvel Obs : http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=culture/20021203.OBS3563.html&host=http://permanent.nouvelobs.com/, ou, mieux encore, celui écrit par Jean Robert lui-même : http://1libertaire.free.fr/IvanIllich39.html. Quant à Gustavo Esteva, homme illustre s'il en est, conseiller du cdt Marcos du Chiapas, entre autres, je vous laisse le cyber-découvrir.
Revenons à Jean Robert : architecte "déprofessionnalisé" comme il aime à se qualifier, Suisse d'origine, il vit au Mexique depuis le début des années '70. Lui aussi, visionnaire, philosophe engagé sur le terrain, écologiste avant l'heure, critique lucide du développement, d'une cohérence impeccable tissée d'humour et d'humilité, il enseigne peut-être l'architecture à ses élèves, mais avant tout la liberté. Nous voici donc sur la même longueur d'ondes. Ses écrits en disent long : "Le temps qu'on nous vole" au Seuil (http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Tem)ps--Le_temps_quon_nous_vole_par_Jean_Robert, "La trahison de l'opulence" aux PUF (http://www.eleves.ens.fr/home/colonna/polit.html), "Water is a Commons" traduit en turc! et d'autres titres en espagnol.
J'avais essayé de le trouver sur google, dans l'annuaire - rien. Dernier soubresaut le lundi 21 mai et je tombe sur une annonce le concernant : un hommage à Jean Robert qui se tient à ..... Cuernavaca dans deux jours, à 11 heures. Serait-il mort ? Evidemment, j'y vais. Lorsque j'arrive au centre culturel de l'université de l'état de Morelos pour la manifestation, je vois qu'il y règne une atmosphère à la fois fervente et bon-enfant. Je m'installe et vais de surprise en surprise. La modératrice de l'exercice est Sylvia, l'épouse de Jean Robert, que me présente Stanley, un vieil américain qui fait partie des meubles des expat de Cuernavaca. Plusieurs personnes illustres ET intelligentes se succèdent, puis des personnes du public, de tous âges, y vont de leur hommage. Car Jean Robert n'est pas mort, bien au contraire : en pleine forme, il célèbre ses 70 ans, assis parmi le public, il écoute toutes ces belles paroles chargées d'une profonde amitié et d'un grand respect. Il prendra le micro à la fin, un peu ému, heureux, et militant éternel, lance un projet de vente de légumes bio. Et devinez qui fut le dernier invité de la table ronde à parler???? Gustavo Esteva, venu exprès de Oaxaca. Une seconde édition eut lieu à 18 heures, que je n'ai pas ratée, et le lendemain Jean Robert a donné une conférence magistrale à l'Université La Salle intitulée "L'économie expolaire", reprenant le concept de Théodore Shanin sur l'économie de périférie, ou "l'économie après l'économie". Passionnant, esprit universel, amoureux de la vie, inutile de dire que Jean Robrt a fait un tabac.
Après le premier hommage, pendant la petite verrée, j'ai bavardé avec Jean qui a absolument insisté pour me parler en afrikaans et me demandait ce que je pensais de l'attitude de Mbeki sur le sida.... Gustavo, quant à lui, est sûr que ce serait une très bonne idée que la guérisseuse marie-noëlle visite Oaxaca. J'ai connu d'autres personnes fort sympathiques, notamment la Suissesse Anna-Marta, espiègle malgré son âge respectable et lucernoise je crois, qui a un grand passé de voyageuse planétaire, établie au Mexique depuis belle lurette, et Blanca dont je vous parlerai une autre fois.
Ce fut une belle expérience, une rencontre extraordinaire et un sacré encouragement que de voir cet homme de 70 ans, à l'allure et à l'enthousiasme d'un jeune homme, partager sa vision philosophique et spirituelle de la vie, et s'engager dans des luttes du quotidien, dans sa communauté, sur la terre dont il fait désormais partie. Nous nous reverrons certainement.
En attendant, voici la morale de l'histoire : ne jamais abandonner, croire en sa bonne étoile qui tire les ficelles au moment adéquat (elle m'a inspirée à googler Jean Robert encore une ultime fois), laisser libre cours à sa curiosité et ne jamais sortir sans son appareil photo. Si j'avais été jusqu'au bout, vous auriez de belles photos sur ce blog aujourd'hui !
hasta luego, amigos !....... et MERCI Pierre et Yvonne !