Fête au Village - 8 septembre 2007 - Marie-Noëlle au Mexique

Fête au Village - 8 septembre 2007

Il y a des jours où le Mexique est insupportable et des jours où, pour rien au monde, on aimerait être ailleurs. Ce fut le cas aujourd'hui. Imprévu improvisé - Viki nous a emmenés à Teotitlan del Valle pour que je puisse rencontrer une famille de tisserands.

Teotitlan - l'endroit des dieux en zapotèque - est LE centre artisanal du tissage, et cela depuis des temps précolombiens. Pas de photos de l'atelier, mais cette visite fait partie du programme du voyage que je propose pour mai 2008. Si vous décidez d'être des nôtres, vous découvrirez ce lieu magique où l'on carde, file, teint, tisse coton, laine et soie, cette dernière de a à z, autrement dit de l'oeuf qui donnera le ver jusqu'au superbe châle ou tapis, en passant par les teintures naturelles, l'histoire et la culture des Zapotèques de l'endroit, et la structure de l'entreprise qui est strictement familiale.

Tout cela à deux pas d'une retenue d'eau où nous avons pu longuement observer un pélican solitaire, au pied de la Montagne sacrée.

Mais notre chance ne s'arrête pas là. C'était la fête au village en l'honneur de la naissance de la Sainte Vierge.

Alors que tout semblait très - trop - calme pour un jour de fête, les carrillonneurs sont montés en silence dans les deux clochers de l'église et d'un coup, les cloches se sont mises à sonner à toute volée en s'alternant - on aurait dit un dialogue. Pendant un bon moment elles ont appelé ainsi les villageois en chantant leur convocation à la fête.

Petit à petit ils sont venus - vieux au visage buriné, jeunes, enfants - prendre place sur les chaises disposées en carré devant l'église : d'un côté les femmes dont les plus âgées tressent toujours leurs cheveux avec des rubans colorés et portent les châles traditionnels, de l'autre les hommes, leur chapeau de paille sur le tête. Chaque nouveau venu salue un à un les personnes qui ont déjà pris place, en faisant le tour : ce sont deux mains dont les paumes s'effleurent simplement. D'un côté du carré, à l'abri mais debout, les femmes qui n'ont pas trouvé de siège ou préfèrent être au sec - car à tout moment, il y a une ondée.

Au fond du carré, sous le grand arbre, se trouvent la fanfare et les danseurs. Car c'est d'ici que vient la Danse de la Plume, l'une des plus fameuses, des plus belles et des plus anciennes danses traditionnelles, dansée exclusivement par des hommes, au rythme et aux mouvements aériens hors du temps. Leur coiffe énorme et très lourde, d'origine aztèque, porte d'un côté l'effigie d'animaux sacrés comme l'aigle ou le jaguar et de l'autre des dessins symboliques que l'on retrouve dans les frises des temples et pyramides des sites archéologiques.

Au son d'une fanfare typiquement mexicaine, le danse a commencé en même temps que la distribution de toutes sortes de denrées à toutes les personnes présentes : d'abord des branches de poleo, herbe médicinale et sacrée, qui guérit la gueule de bois. Car ensuite sont arrivés les cartons de bière et les bouteilles de mezcal qui a commencé à couler généreusement. Puis, un monsieur a fait le tour avec un plateau sur lequel on avait déversé une montagne de cigarettes... enfin des fruits : bananes, pommes pour tout le monde.

Entre deux averses et deux prières, le sacré et le profane s'épousent, le temps n'existe plus : le mezcal, enfant du poulque des Aztèques, les Malboro dont le tabac était sacré chez les Anciens, l'intérieur de l'église regorgeant de fleurs vraies ou en papier aux mille couleurs, le parvis offrant un espace magique pour la danse sacrée archaïque.

A un moment donné une partie des musiciens se détachent de la fanfare pour aller prendre la tête de la procession : la Vierge sort de l'église, ornée de colliers de Rosita de Cacao - une fleur que l'on utilise pour donner un goût de chocolat au tejate, la boisson traditionnelle énergétisante des Aztèques que l'on trouve sur tous les marchés actuels. Les femmes du village lui emboîtent le pas et tout ce joli monde va faire le tour du pueblo pendant que les hommes continuent à se verser des rasades généreuses de mezcal sur la place de l'église....